Après la suppression du suffrage universel et des institutions républicaines, l’Etat français envisage une réforme constitutionnelle mais qui ne verra jamais le jour. Cependant des institutions transitoires sont mises en places dès 1941.
Les conseils généraux sont supprimés et remplacés en février 1941 par une commission administrative de 9 membres, chargée d’assister le préfet. C’est une organisation consultative qui permet dans les Côtes-du-Nord le retour au pouvoir d’élus conservateurs battus dans l’entre-deux guerres. Un conseil départemental plus élargi est créé en mai 1943 mais en réalité, seul le bureau fonctionne et son animateur le plus actif, Le Croizier, le maire de Glomel, dirigeant de la Corporation paysanne, sera exécuté par la Résistance le 22 mai 1944.
La loi du 16 novembre 1940, en nommant les maires, permet une première épuration municipale mais celle-ci reste limitée : elle frappe seulement 18 communes (2 municipalités de gauche, à Saint-Brieuc et à Dinan, sont révoquées sur pression allemande) mais 76 % des maires restent en place.
En 1942, l’épuration municipale se poursuit mais plus mollement (une dizaine de communes) car une maladie contagieuse se répand : la « démissionnite ». Confrontés aux difficultés quotidiennes (ravitaillement, prélèvements agricoles croissants, conflits avec les syndics de la Corporation, désignation de main d’œuvre pour les Allemands…), des maires et des municipalités adressent leur démission (8 cas).
En 1943, dans l’ouest résistant du département, puis partout en 1944, le mouvement tourne à la crise municipale obligeant les sous-préfets à refuser les démissions (plusieurs dizaines) tant il est difficile de trouver des remplaçants. Plusieurs maires appartiennent désormais à la Résistance. Rares sont ceux qui font encore du zèle comme celui de Ploumiliau, nommé en 1943. Ce notable vichyssois qui envoyait des lettres de délation de résistants à la gendarmerie, est exécuté le 6 juillet 1944 après avoir reçu des menaces de mort.
Ainsi, dans les Côtes-du-Nord, plutôt à gauche avant guerre, l’épuration municipale a été limitée mais la volonté de dégager de nouvelles élites à partir des milieux de droite a échoué. Du fait de l’occupation, elle s’est heurtée à l’inertie puis à une opposition débouchant sur une véritable crise municipale (la « démissionnite »), embarrassante pour les pouvoirs publics.