L’accélération des travaux de construction du Mur de l’Atlantique que Hitler veut achever pour mai 1943 multiplie les demandes de main d’œuvre sur les chantiers locaux et régionaux parallèlement à la mise en place du STO. Là aussi, à l’appel aux volontaires succèdent désormais des réquisitions à grande échelle pour tenter de respecter les délais fixés. Le nombre de personnes travaillant sur les chantiers allemands dans les Côtes-du-Nord ne cesse d’augmenter (7 000 en juillet 1943, 8 000 en juin 1944). Le département devient plus que jamais une entreprise de bâtiment et de travaux publics au service de la défense du Reich.
Cependant ce pillage de la main d’œuvre se heurte de plus en plus à l’hostilité des travailleurs requis et à la complicité des maires et des patrons des communes côtières qui protestent contre ces prélèvements forcés de main d’œuvre. Aussi, à la fin 1943 et en 1944, les Allemands doivent procéder par des rafles recherchant à la fois des Résistants, les réfractaires au STO et les travailleurs requis sur les chantiers locaux. Mais c’est encore insuffisant. En novembre 1943, une ordonnance allemande réquisitionne tous les hommes valides de 17 à 55 ans pour achever les chantiers. Si les habitants de l’intérieur peuvent y échapper, ce n’est pas le cas de ceux du littoral contraints d’assurer travaux et corvées jusqu’à plus de 10 h par jour et jusqu’à trois jours par semaine. Les rétributions étant trop faibles et les conditions de travail devenant de plus en plus pénibles, incidents et sabotages de la Résistance se multiplient sur les chantiers à l’approche du débarquement malgré les nombreuses visites d’inspection du maréchal Rommel, notamment du côté du Val-André.
Le débarquement du 6 juin 1944 et la reprise des combats sur le sol français mettent fin aux vastes chantiers du mur de l’Atlantique qui finalement n’auront pas servi à grand-chose, sauf à renforcer la haine de l’occupant…