Contrairement à 1914, la déclaration de guerre à l’Allemagne nazie le 3 septembre 1939 après l’invasion de la Pologne a été accueillie sans véritable surprise.
Certes, la paix avait été provisoirement sauvée à Munich un an plus tôt (crise des Sudètes) au prix d’une reculade des démocraties occidentales. Mais depuis le 15 mars 1939, l’occupation de Prague et de la Bohême-Moravie, on ne se faisait plus guère d’illusion. Depuis des mois, les deux grands quotidiens régionaux (le Rennais L’Ouest-Eclair, démocrate-chrétien et La Dépêche de Brest, radical modéré) sensibilisent l’opinion publique bretonne face aux menaces de guerre.
Déjà, entre 1937 et 1939, l’accueil en Bretagne de réfugiés républicains espagnols vaincus par les nationalistes franquistes avait fait prendre conscience de la montée des périls fascistes. Ils avaient été 1 200 dans les Côtes-du-Nord.
Face aux risques de guerre, le réarmement a été accéléré et des usines sont venues s’installer dans l’Ouest comme Sambre-et-Meuse à Saint-Brieuc. A la résignation a succédé une certaine détermination.
L’annonce de la signature du Pacte de non-agression germano-soviétique le 23 août a provoqué la surprise, en particulier au sein des militants communistes. Des affiches rappellent les réservistes dans les villes de garnison sans provoquer l’affolement de l’année précédente. Si l’inquiétude est vive, le risque de guerre est accueilli avec « sang froid, chacun étant prêt à faire face à toute éventualité » selon le commissaire de police de Saint-Brieuc.
Lorsque Hitler envahit la Pologne le 1er septembre 1939, l’affrontement est devenu inévitable. « La déclaration de guerre a été accueillie avec sang froid, comme un évènement redouté mais prévu. Elle n’a donné lieu à aucune manifestation » note le Préfet des Côtes-du-Nord. La mobilisation se déroule en effet sans le moindre incident. Ils sont 60 000 environ dans le département dont bon nombre d’anciens combattants de 14-18. Cette ponction est considérable même en tenant compte des mobilisés sur place : elle représente 11,3 % de la population totale et 2 actifs masculins sur 5.