Le jour où le général de Gaulle lance son appel à Londres, le département est occupé par la Wehrmacht sans résistance. Saint-Brieuc et Guingamp sont occupées le 18 juin 1940 dans l’après-midi. Lannion le sera le 22, jour de la signature de l’armistice avec le IIIe Reich, à la demande du maréchal Pétain, nommé président du Conseil quatre jours plus tôt.
Première conséquence de cette invasion, sur les 27 000 soldats des Côtes-du-Nord tombés aux mains de la Wehrmacht lors de la bataille de France, 24 000 vont être transférés en Allemagne, soit 18 % de la population masculine. 6 000 d’entre eux sont encore internés dans les camps du département à l’automne 1940.
En l’espace de quelques jours, le département vit désormais à l’heure allemande. A Saint-Brieuc, la préfecture devient le siège de la Feldkommandantur, la Gestapo s’installe boulevard Lamartine et l’armée occupe la quasi-totalité du lycée Le Braz et les autres établissements scolaires. A l’échelle du département, ce sont déjà 15 000 hommes qu’il faut nourrir et loger : bâtiments publics, casernes, écoles, mais aussi logements privés sont réquisitionnés.
Si l’occupant cherche d’abord à jouer la carte de la correction, les premiers défilés des troupes allemandes, comme à Guingamp, sont là pour intimider la population. Surtout, les vainqueurs imposent rapidement les premières mesures de l’« ordre nouveau nazi » : heure allemande, couvre-feu, ausweis et autres interdits. Pour empêcher toutes réactions, on désigne même des otages parmi les notables.