Dès les premiers mois de l’Occupation, c’est-à-dire au cours du 2e semestre de 1940, la cohabitation forcée avec l’ennemi entraîne des actes d’hostilité individuels qui s’apparentent à des formes spontanées de Résistance.
C’est le cas des premiers graffitis et lacérations d’affiches allemandes qui apparaissent dans certaines communes du département (Lamballe, Gouarec) et donnent lieu à des mesures de répression en septembre-octobre.
Le refus de l’occupant se traduit aussi par des insultes à l’égard de l’ennemi, voire des bagarres avec des soldats isolés, ce qui provoque déjà de lourdes condamnations : ainsi Ange Dubreuil de Dinan, condamné pour « coups à un soldat allemand », est le premier fusillé des Côtes-du-nord, le 5 décembre 1940 à Saint-Brieuc. Des milliers d’affiches bilingues encadrées de rouge sont placardées après coup dans toute la Bretagne. Deux jours auparavant, Pierre Hamonou a été abattu à Plestin-les-Grèves, en défendant sa fille qu’un sous-officier allemand tentait de violer.
A cela s’ajoutent les premiers signalements de sabotages (fils téléphoniques coupés) ou de menues agressions, actions encore très isolées menées par quelques individus. Ce qui fait dire au Préfet en octobre 1940 « que les incidents avec les autorités occupantes ont été rares et de peu d’importance jusqu’à ce jour ».