Au cours de l’année 1942, les manifestations publiques augmentent à nouveau dans le département, traduisant comme ailleurs le rejet de plus en plus clair par la population de l’occupant nazi et du régime de Vichy qui s’enfonce encore davantage dans la Collaboration, notamment policière et économique.
Les sentiments « anglophiles et gaullistes », entretenus par l’écoute clandestine de la radio anglaise, se renforcent notamment dans les zones littorales. L’hommage de la population lors des obsèques de soldats britanniques donne lieu à de nouveaux rassemblements. 150 personnes sont réunies à Saint-Cast le 14 février. Le 1er mars, lors de l’inhumation d’un aviateur anglais à Saint-Brieuc, les Allemands ont pris soin d’interdire l’accès au cimetière.
La jeunesse scolarisée continue elle aussi de s’activer dans l’ombre et de manifester son mécontentement par des inscriptions hostiles, des lacérations d’affiches et la rédaction de tracts anti-allemands. C’est le cas par exemple à Guingamp en novembre.
Les anniversaires des fêtes patriotiques sont des journées particulièrement redoutées par les autorités, qui déploient à l’occasion d’importants services d’ordre. Dans la région de Dinan, particulièrement anglophile, au grand dam des autorités de Vichy, « plusieurs centaines de Dinannais » ont défilé le 1er mai 1942 devant la mairie, répondant ainsi à l’appel de la BBC. Mais le même jour à Saint-Brieuc, l’accès devant la préfecture étant barré par les forces de police, le rassemblement a lieu devant le monument aux morts. Plusieurs centaines de gens défilent malgré tout en ville, ce qui occasionne des incidents graves avec la police, des arrestations et des sanctions.
A l’occasion du 11 novembre 1942, c’est un tract du parti communiste clandestin qui appelle les « commerçants et artisans » de Saint-Brieuc et de Guingamp à manifester en masse devant le monument aux morts. La manifestation est un échec, ce qui n’empêche pas le sous-préfet de Guingamp de souligner que la grande majorité de la population locale « souhaite ardemment la défaite de l’Allemagne ».