Alors qu’à la fin de l’année 1942, il apparaît de plus en plus clairement que les Bretons refusent à la fois de partir en Allemagne et même de travailler sur place dans les chantiers de l’OT, Sauckel exige à nouveau 250 000 travailleurs (2e action Sauckel de janvier à avril 1943). En réponse, le gouvernement Laval instaure le Service du Travail Obligatoire (STO) le 16 février 1943 : tous les jeunes gens nés entre 1920 et 1922 doivent partir travailler en Allemagne pour 2 ans. C’est la politique de collaboration à outrance, sans contrepartie, qui conduit à accélérer le basculement de l’opinion en faveur de la Résistance. Les milliers de réfractaires au STO, devenus des hors-la-loi, bénéficient du soutien de la population (élus, fonctionnaires, paysans, familles...) et trouvent refuge dans les fermes de l’intérieur.
Dès le début mars 1943, lors des opérations de recensement ou des visites médicales, l’opposition au STO est immédiate dans le département, surtout dans l’ouest bretonnant. Dans le Trégor, des incidents et manifestations éclatent le 9 mars à Lannion, Plouaret et Plestin-les-Grèves (défilés avec drapeau tricolore, chants de la Marseillaise et de l’Internationale, cris hostiles), ce qui provoque l’intervention de la gendarmerie et des arrestations. Lorsque le 1er train quitte Guingamp avec 74 requis le 15 mars, 500 personnes protestent lors d’une véritable manifestation de masse. En pays gallo, le recensement s’opère plus calmement sauf à Caulnes où 6 jeunes gens sont condamnés par les Allemands pour des inscriptions injurieuses contre Hitler et Laval.
Dans les communes du Centre Bretagne, on boycotte les convocations : ainsi, à Callac, sur 310 inscrits, seuls 42 jeunes se sont présentés à la visite médicale. A Rostrenen, un tract manuscrit du Front National (FN), mouvement de résistance créé par le PCF en 1941, appelle les maires à saboter le STO. Pour échapper au départ, certains jeunes s’engagent sur les chantiers de l’Organisation Todt. Cette 2e action Sauckel est un échec dans le département : 1 jeune seulement sur 10 recensés part pour l’Allemagne (soit entre 1 070 et 1 200 départs sur 12 681 potentiels).